Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de T-H-A

Le blog de T-H-A

Des droits, toujours des droits. Parlons-en !


Une loi contre la burqa, honte sur la République

Publié par T-H-A sur 11 Mars 2010, 22:26pm

Catégories : #Tempête de cerveau

          C'est peut-être un simple effet d'annonce, mais le Premier ministre a annoncé qu'une loi interdisant la burqa dans les lieux publics serait lancée au printemps. Je ne me pose pas la question de l'opportunité d'une telle loi. En effet, je suis assez peu informé sur le sujet, et c'est une polémique dans laquelle je ne veux pas entrer. Je ne m'étendrai pas non plus sur le fait que cette annonce soit faite à quelques jours des régionales, après un débat assez calamiteux sur l'identité nationale française.

           Non, ce que je veux dire aujourd'hui, c'est que je considère cette loi comme un échec avant même son vote. La tendance très malheureuse du moment, c'est le principe « un fait divers, une loi » qui semble être la seule chose qui dicte la pensée législative actuelle. Toute une série d'interdictions ont été prises, assorties le plus souvent de sanctions pénales. Je veux parler ici de la loi sur l'inceste, la loi sur les violences envers les personnes âgées, et également la création de l'infraction d'appartenance à une bande. Le 9 mars dernier, les personnels du monde de la justice étaient dans la rue. Que ce soit magistrats, avocats ou fonctionnaires de l'administration pénitentiaire, ils protestaient contre beaucoup de choses, mais une revendication qu'ils avaient en commun était le fait que les lois se faisaient sans recul, sans vision. Le professeur Carbonnier, qui était un très grand juriste, nous disait la chose suivante : une loi ne peut pas prévoir les effets qu'elle va engendrer. Si par exemple on interdit le divorce, on pense que les couples resteront plus ensemble. C'est peut-être pour permettre aux enfants d'avoir une image des deux parents au foyer qu'on le ferait. Un des effets pervers en serait alors la hausse des violences conjugales et sur les enfants, car on maintiendrait une situation compliquée pour les familles. C'est pour cela qu'il existe ce que l'on appelle des études d'impact, c'est à dire des études qui sont menées pour essayer de prévoir au mieux les conséquences d'une législation. On essaie de faire une étude de risque, et de prévenir les effets pervers. On essaie également de mettre en place un système lisible. Quand le nouveau Code pénal a été mis en place en 1992, le but était d'arrêter les frais avec l'ancien code qui était devenu particulièrement lourdingue. En effet, il multipliait les causes d'exonération, les circonstances aggravantes, les renvois à des notions imprécises ou nébuleuses, en bref il ressemblait à Elvis à sa mort : bouffi, obèse et incompréhensible parce qu'il avait trop vécu. On en a alors fait un tout neuf, plus carré, plus jeune et mieux conçu. La machine a maintenant des ratés, et le plus si nouveau Code montre des signes de fatigue.


           La simplification n'est plus à la mode, et le temps de réflexion non plus. « Grâce » à une fiscalité particulièrement lourde sur le tabac, dans le soit-disant objectif de santé publique, on en a fait un trafic particulièrement lucratif, ce qui a structuré la délinquance de contrebande. Elle s'est armée, organisée, et elle n'a plus rien à envier au trafic de drogue, puisque ce sont les mêmes acteurs qui s'en occupent.


            En ce qui concerne la loi sur la burqa, je ne vois pas le risque de voir se multiplier les voiles intégraux. J'y vois l'échec de notre société. Parce que l'on passe maintenant sur le terrain du droit, toute discussion ou échange avec l'autre sont désormais gelés. Il n'y a plus aucune possibilité de dialogue, puisque c'est interdit, donc quand une infirmière verra une femme voilée à l'hôpital, c'est la police qui s'en chargera si la loi est appliquée. Autant pour notre modèle d'intégration ... Comment peut-on vouloir que les étrangers s'intègrent en France si on n'essaie pas non plus de faire un pas vers l'autre, de faire preuve d'au moins un minimum d'ouverture d'esprit pour combler l'écart culturel qui peut parfois être immense entre notre culture et certaines cultures qui nous sont éloignées ? Je peux dire que j'espère que la loi si elle est votée sera appliquée. Pourquoi ? Et bien je pense que si elle venait à ne pas être appliquée, on aurait eu un message de refus seulement. On aura créé une polémique, une tension, un message qui ne sera pas relayé. On appelle ça jeter de l'huile sur le feu, et prévenir les pompiers que le feu a déjà consumé plusieurs maisons, mais qu'on l'avait fait pour l'éteindre.


Je trouve ça minable, irresponsable, et je ne me sens pas fier de mon pays.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
<br /> <br /> Enfin, certains réagissent !<br /> <br /> <br /> Petit texte sur le même thème.<br /> <br /> <br /> "La honte !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il est des circonstances qui soudainement révèlent, dans les sociétés, des mouvements de l’inconscient collectif qui, autrement, restent refoulés dans les bas-fonds nauséabonds habités par<br /> quelques extrémistes de tout bord. Cette affaire de Burqua fait partie de ces déchaînements collectifs, qui, à force de surenchères dans la démesure et la lâcheté, conduisent au triste spectacle<br /> auquel nous assistons depuis quelques semaines. A force de se convaincre du bien fondé d’une mesure en tout point imbécile, c’est l’ensemble de la classe politique qui est prise d’un délire,<br /> disons le mot, purement raciste. Un peu comme, dans le sud américain des romans noirs, la rumeur et la peur pouvaient au final entraîner toute une collectivité dans les lynchages les plus<br /> meurtriers envers les noirs.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Disons le tout de suite, l’image des cultures patriarcales et machistes ne sont pas notre tasse de thé, et la contrainte imposée aux femmes par une tenue vestimentaire potentiellement dégradante<br /> n’est pas souhaitable, que ce soit sur le sol français, à Djedda ou à Oran. Mais de là à brandir cet étendard hypocrite, cela fait sourire. Quand la France et ses principes républicains aura<br /> réussi à donner une place égalitaire aux femmes tant dans la vie publique que dans la vie privée, elle pourra éventuellement commencer à envisager de dénoncer les travers des collectivités moins<br /> avancées sur le chemin de l’égalité des genres. Si d’ailleurs, cet impératif d’égalité des sexes était à ce point constitutif de notre socle républicain, nous n’aurions pas attendu la dernière<br /> guerre mondiale pour donner le droit de vote aux femmes.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il est frappant d’écouter tous ces discours d’autant plus volontaristes qu’ils sont vides de sens. « Ils faut remettre les choses à l’endroit ! » beuglent les uns, « on ne<br /> peut pas transiger sur nos valeurs laïques et républicaines » brament les autres. Le bouquet final, le pompon on pourrait dire, revenant au ministre de l’identité nationale (sic), qui a<br /> préféré passer son week-end à pourchasser l’islamisme extrême plutôt qu’à accompagner le Grand Rabin de France sur ses terre vichyssoises. Et, dans une acmé délirante, de demander la déchéance de<br /> la nationalité française à propos d’un « islamiste polygame » (comme si la polygamie n’était pas, en France, un sport officiel de nos dirigeants) ! Comment ne pas rapprocher ces<br /> déclarations des lois du 16 Juillet 1940 abolissant les naturalisations passées pour les Juifs suivies de l’abolition du décret Crémieux… Le problème n’est d’ailleurs pas dans ce dérapage mais<br /> dans les réactions mesurées qu’il a suscitées. On dénonce ici et là le caractère stigmatisant de ces propos mais sans nécessairement en dénoncer le fond, bien au contraire. La gauche<br /> (institutionnelle) oscillant entre l’envie supposément électoraliste de suivre la meute et l’emploi d’un paravent juridico-constitutionnel pour pouvoir lâchement voter contre l’interdiction tout<br /> en affichant avec virilité son intransigeance avec les « principes ».<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Au secours ! Quel esprit lumineux saura nous sortir de ces ornières et élever un débat politique qui, sinon, va nous mener toujours plus loin, de sondages en sondages, dans l’avachissement<br /> de la pensée et, au final, dans les aventures les plus hasardeuses et les plus noires."<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
T
<br /> <br /> C'est de vous ? En tout cas j'aime beaucoup !<br /> <br /> <br /> <br />

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents