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Le blog de T-H-A

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Des droits, toujours des droits. Parlons-en !


L’écriture inclusive, ou pourquoi ça sert à rien

Publié le 5 Novembre 2017, 08:20am

Ou pourquoi c’est nul.

Normalement, après un titre comme ça, je devrai avoir bien attiré votre attention, et les foudres de certains (ouah le mec il est fou il a oublié les certaines).

Bon, alors pourquoi?

Le postulat de base des défenseurs de l’écriture inclusive, c’est que la langue influence la pensée, et que donc, du fait de sa règle d’accord où « le masculin l’emporte sur le féminin », la langue française serait sexiste.
Et pour régler ces problèmes de sexisme linguistique, qui affectent la conscience (ou inconscient) collective (oui j’accorde mes groupes nominaux comme un dingue), il faudrait donc :

  1. Revenir à l’accord de proximité

  2. Féminiser les titres professionnels

  3. Mettre des points médians partout

Bien sûr, on va dire une bonne fois pour toutes à quel point l’auteur de ces lieux est attaché aux notions d’égalité, d’équité, et aux libertés individuelles et qu’il se flagelle avec la convention européenne des droits de l’homme quand il a une pensée impure. Promenez-vous par ici, et faites-vous une idée.

Les réactions qu’on voit généralement face à l’écriture inclusive sont assez caricaturales : on râle comme des vieux machins, en disant que c’est moche (ce qui est subjectif, même si j’ai tendance à être d’accord), et qu’on a toujours fait comme ça. Ce qui fait deux bons arguments de merde, constamment réutilisés par tout conservateur un peu bas du front, quel que soit le sujet : mariage gay, avortement, création de l’inspection du travail (non je ne rigole pas).

Non en fait, le principal argument contre l’écriture inclusive, c’est surtout que ça sert à rien, et que ça détourne des vrais problèmes.

Le premier argument se retrouve dans les propos de ses défenseurs. Ils affirment que l’accord de proximité existait avant le XVIIeme siècle, et qu’il a été changé par l’académie française.
Notons d’abord que pour que tous les français parlent effectivement le français et non pas uniquement leur langue régionale, il faut attendre la fin du XIXeme, début XXeme.

Poussons le raisonnement un peu : si la langue influence la pensée, cela voudrait dire qu’avant ça, la société était plutôt pas machiste, et plutôt plus après.
Donc, par exemple, le Moyen-Age, cette grande période d’émancipation de la femme. Ou Rome, l’Eden de la femme antique. Par contre, si on veut parler de nos « ancêtres » les Gaulois, ou plutôt nos cousins les Celtes, ils étaient plutôt cools avec les femmes, malgré leur quasi-totale... tradition orale. Et donc pas d’écrit.

Oups.

Donc moi je formule une hypothèse : la langue française est peut-être sexiste, mais je pense que c’est plutôt la société qui l’est, quel que soient ses accords grammaticaux. Si on n’a pas les femmes en tête quand on parle, il y a peu de chances que ça vienne après avoir trafiqué des points médians, ce qui d’ailleurs doit certainement frapper d’épilepsie le dyslexique moyen.

Ce qui est paradoxal aussi, c’est qu’on cherche à construire une égalité réelle entre les femmes et les hommes. Du coup, l’idée c’est qu’on veut que la différence de sexe soit indifférente. Donc on insiste pour que les genres sont bien identifiés et qu’on sépare les gens en fonction de leur kiki.

Ok.

Cette discussion est probablement inutile et réservée aux militants qui militent sur leur ordinateur. J’entendais l’autre jour à la radio une femme dire que ça avait fait une belle jambe aux femmes de ménage de devenir des techniciennes de surface, parce qu’elles étaient toujours payées au minimum.

Et je rajouterai même : focalisons notre attention sur tout ce qui nuit réellement aux femmes dans leur cadre professionnel, et personnel : harcèlements, discriminations, donnons-nous les moyens de lutter contre ça, avec des autorités formées, et une justice qui a les moyens de se rendre et qui n’est plus obligée d’arbitrer entre le pire et le un peu moins pire.
Donnons les moyens aux enseignants de donner leurs cours dans de bonnes conditions.

Et arrêtons avec les idées à la con qui changent rien, parce que c’est vraiment les sujets les plus nazes qui créent le plus de discussion (#burkini), en se drapant dans des considérations pseudo-philosophiques pour brasser du vent.

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