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Le blog de T-H-A

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Des droits, toujours des droits. Parlons-en !


Mr F.

Publié par T-H-A sur 5 Mars 2009, 19:57pm

Catégories : #Tempête de cerveau

      Plus on avance en âge et en sagesse (ou juste en âge peut-être), plus on se rend compte de l'importance qu'ont eu nos enseignants dans notre vie. Je me rappelle de mes institutrices de primaire et de maternelle à qui je dois beaucoup, mais c'est d'un autre professeur que je veux parler aujourd'hui. En classe de seconde, j'ai eu un prof d'histoire réputé pour sa sévérité. Toutes sortes d'histoires circulaient sur lui, comme quoi il aurait giflé un élève, martyriserait toutes ses classes ... Autant dire que lorsque je me positionnais avant d'entrer dans sa classe, je n'en menais pas large !

      Plein d'appréhension, j'entre dans la salle. Du bas de l'estrade, je vois un homme qui me semble immense. Extrêmement maigre, la petite soixantaine, les cheveux gris, il arbore un visage émacié digne d'un squelette. A peine sommes nous rentrés qu'il nous apostrophe déjà de sa voix grêle et menaçante, nous sommant de nous asseoir sans perdre de temps. Terrorisés, nous nous exécutons séance tenante. Commence alors une année des plus étranges, car cet homme, capable de s'emporter pour la moindre vétille, est une mine d'anecdotes historiques plus savoureuses les unes que les autres. Mais il est surtout un enseignant de la vieille école, un maître de la méthode et un fervent défenseur de la rigueur. Il nous enseigne des méthodes de travail qui dirigent encore ma pensée en examen ou concours aujourd'hui, et notamment des techniques pour maîtriser le stress.

      Le temps passe, et quelques années plus tard je recroise l'homme dans la rue à plusieurs reprises car il habite dans mon quartier. Mais c'est aujourd'hui que je prends la mesure de l'homme. Cela faisait quelques mois que je ne l'avais pas vu. Cet après-midi, j'aperçois du coin de l'oeil une silhouette désormais bien familière. Marchant derrière lui,  je prends le temps de l'observer. Ce tyran des années lycée est un vieil homme maintenant, tout maigre et bien plus petit que dans mon souvenir. Il arbore le même pardessus, les mêmes chaussures et la même vieille sacoche que dans mes souvenirs. C'est ce dernier détail qui me trouble : étant donné son âge, il aurait dû cesser d'enseigner maintenant. Je ne vois plus de bourreau, plus de remontrances. C'est un petit monsieur, septuagénaire, qui marche doucement. Je le dépasse et je saisis en un flash tout ce que j'ai toujours su sans m'en rendre compte. C'est un timide maladif que j'ai à mon côté, quelqu'un qui ne vit que pour livrer furtivement un peu de sa personne aux rares personnes à qui il accorde sa confiance, quelqu'un dont  le regard s'illumine dans la narration de récits de rois et reines d'un autre temps.


      Quand je reprendrais une copie pour faire un examen, et à jamais quand je devrais passer une épreuve, je penserais à lui et à cette passion secrète, à ce feu sous la glace et au plein d'amour qui habite tout au fond de cet homme, à sa façon de mettre les gens à distance pour n'avoir que des échanges qu'il peut accepter avec son coeur de grand timide.
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C
comme quoi, la tyrannie, c'est un point de vue!(rires)
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D
Bienvenue dans la communautéDochttp://www.dorffer-patrick.com/
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